Image source : Le Dauphine

L’Agence spatiale européenne a signé un contrat avec Thalès Alenia Space pour une démonstration de communications chiffrées utilisant la cryptographie quantique via l’orbite. Une sécurité « ultime » pour les futurs échanges sensibles ? Le projet TeQuantS apportera de premières réponses en Europe à l’horizon 2026.

Le projet est notamment supporté par l’agence française, le CNES.

Code Quantum

Face aux capacités futures des ordinateurs à technologie quantique pour déchiffrer les méthodes traditionnelles de chiffrage des messages sensibles, agences et acteurs du secteur ont décidé de se mobiliser. Mais pratiquer la cryptographie quantique (utilisant les propriétés des photons) sur des fibres optiques à longue distance s’avère très complexe, voire impossible au-delà de 150 kilomètres. Un moyen pour contourner le problème est d’utiliser le vide spatial comme canal pour des transferts à très longue distance des messages chiffrés. Une technologie très prometteuse pour les informations les plus sensibles, puisqu’elle serait en théorie (et jusqu’à une future poussée opposée) indéchiffrable… D’autant qu’il reste ladite infrastructure à mettre en place : satellites, stations optiques au sol, relais, etc. L’objectif du projet TeQuantS est de mettre en place une démonstration avec des acteurs européens à l’horizon 2026.

Des alliances en or

L’ESA, qui vient de recevoir son budget « consolidé » pour l’année 2023, a donc passé un contrat avec Thales Alenia Space qui sera l’industriel de référence pour TeQuantS. L’autre acteur de poids est évidemment Airbus Defence & Space (incontournable d’autant qu’il s’agit d’un des seuls constructeurs de satellites au monde avec des communications optiques). Les agences spatiales autrichiennes et françaises sont particulièrement impliquées, avec aussi deux laboratoires universitaires français, le LIP6 (Paris La Sorbonne) et l’UCA (Université Côte d’Azur)… Javier Benedicto, directeur par intérim du projet pour l’ESA, explique que ce contrat « va renforcer l’autonomie européenne, son autorité et ses responsabilités vis-à-vis d’une importance toujours renforcée des activités numériques. »

Le projet européen entre ESA et EU s’appelle SAGA (Security And cryptoGrAphic mission). Crédits ESA

L’Europe ne veut pas se laisser distancer

Ce projet, s’il est indépendant, est aussi une réponse de l’ESA à l’appel de l’Union européenne pour constituer une constellation de satellites dédiés à la connectivité en orbite basse, avec des communications sécurisées destinées avant tout aux acteurs publics. Et impliquer de grands acteurs industriels français et européens est important pour l’agence. La constellation de l’Union, qui est d’ores et déjà partiellement financée, devrait reposer elle aussi sur de la cryptographie quantique. Un outil qui pourrait rapidement montrer à quel point il est indispensable… D’autant que d’autres puissances y réfléchissent aussi. La Chine, notamment, a déjà testé un satellite relai basé sur une technologie similaire.

Sources : Clubic et ESA