Par Reuters le 29.03.2023 à 18h14

Un vendeur de rue à Dakar, au Sénégal. /Photo prise le 16 mars 2023/REUTERS/Zohra Bensemra

ZOHRA BENSEMRA

DAKAR (Reuters) – Les commerces et les banques du Sénégal ont fermé leurs portes en avance mercredi alors que l’opposition a de nouveau appelé à manifester pour dénoncer des poursuites judiciaires contre l’un de ses chefs de file, une affaire qui a alimenté les violences avant l’élection présidentielle de l’an prochain.

Ousmane Sonko, 48 ans, est convoqué au tribunal jeudi dans le cadre d’un procès en diffamation à la suite d’une plainte du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, qui dit avoir été accusé sans preuve de détournement de fonds par l’opposant.

Les partisans d’Ousmane Sonko sont descendus dans la rue à plusieurs reprises ces dernières semaines pour dénoncer un procès qu’ils décrivent comme une tentative du gouvernement du président Macky Sall d’affaiblir l’opposition en amont des élections. Le gouvernement rejette ces accusations.

Troisième de l’élection présidentielle en 2019 et candidat déclaré au scrutin de février prochain, Ousmane Sonko pourrait être frappé d’une inéligibilité s’il venait à être reconnu coupable.

Ousmane Sonko est jugé aussi pour des accusations de viol d’une employée d’un salon de beauté en 2021 et pour des menaces de mort présumées. Il rejette ces accusations, qu’il dénonce comme une manoeuvre politique.

Ce charismatique ancien employé des impôts a séduit la jeunesse défavorisée du pays et est devenu un vecteur de la colère à l’égard de Macky Sall, qui n’a pas exclu de briguer un troisième mandat en s’appuyant sur une réforme de la Constitution effectuée en 2016.

Des violences ont éclaté lors de la précédente audience d’Ousmane Sonko, le 16 mars, la police ayant fait usage de gaz lacrymogène contre ses partisans qui suivaient son véhicule jusqu’au tribunal. Des contestataires ont incendié des pneus, des bus et un supermarché.

Ousmane Sonko a appelé à la tenue de manifestations nationales ce mercredi, jeudi et lundi prochain.

Les autorités ont interdit les rassemblements à Dakar, tandis que les forces de sécurité ont été déployées pour bloquer un point de ralliement situé devant le principal campus universitaire de la capitale.

Alors que les commerces et les banques ont fermé à une heure prématurée ce mercredi, les écoles ont fermé à la suite de la décision du ministère de l’Education nationale d’avancer de plusieurs jours les vacances scolaires.

(Reportage Diadie Ba; version française Jean Terzian)