Le missile intercepteur Aquila, développé par MBDA pour le programme européen Twister, devait être capable de détruire les missiles hypersoniques

MOURAD CHERFI / MBDA

Une gifle monumentale. MBDA se rêvait en champion européen des missiles hypersoniques (vitesse supérieure à Mach 5), concurrent direct des groupes américains, russes ou chinois sur ce segment ultra-stratégique. La défaite du groupe, battu par un consortium dirigé par l’espagnol Sener dans la grande compétition pour le développement d’un missile intercepteur hypersonique (projet EU HYDEF), est un énorme coup d’arrêt aux ambitions du missilier codétenu par Airbus (37,5%), BAE Systems (37,5%) et Leonardo (25%). Ce projet de 36 mois, doté de 110 millions de dollars et financé par le nouveau Fonds européen de défense (FEDef), vise à travailler sur le concept d’un intercepteur endo-atmosphérique (couche haute de l’atmosphère) hypersonique capable de traiter les menaces à l’horizon 2035.

Sur le papier, MBDA était le favori évident. Leader européen du secteur des missiles (4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 13.000 salariés), le groupe est le seul acteur du Vieux continent à rivaliser avec les géants mondiaux (les américains Raytheon et Lockheed Martin, l’israélien Rafael, le russe Almaz-Antei), avec 16% de part de marché mondiale et 43% en Europe. Il est également en pointe sur le sujet de l’hypersonique. « MBDA travaille de longue date sur l’hypersonique: nous développons un armement hypersonique (le futur missile nucléaire aéroporté ASN4, NDLR), soulignait le PDG du groupe, Eric Béranger, lors de la présentation des résultats 2021 du groupe le 6 avril dernier. En termes de capacités sur le sujet, MBDA n’a rien à envier à quiconque. »

Missile Aquila

Source : Challenges