Les députés lors de la première séance à l’Assemblée nationale après les élections législatives. | FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE

Les députés sont revenus sur la revalorisation supplémentaire de 500 millions d’euros pour les pensions de retraite. Retour, en trois temps, sur un incident de parcours du projet de budget rectifié pour 2022.

Au bout de quatre jours de débats nourris et souvent houleux, l’Assemblée nationale a adopté le second volet des mesures en soutien au pouvoir d’achat, avec des contorsions qui suscitent encore, ce jeudi, la colère des oppositions RN et Nupes. En particulier sur l’annulation du coup de pouce supplémentaire à la revalorisation des pensions de retraite.

 

1. Le gouvernement augmente les pensions

 

Début avril, le candidat Emmanuel Macron promet, s’il est élu, de revaloriser par anticipation les pensions de retraite, qui ne sont revues habituellement qu’en janvier. Le 21 juillet, lors de l’examen de la loi pouvoir d’achat, les députés votent cette revalorisation des pensions à hauteur de 4 %. La mesure doit prendre effet dès le 1er juillet 2022, de façon rétroactive. Les députés RN et Nupes dénoncent une revalorisation insuffisante, éloignée des réalités de l’inflation.

2. L’Assemblée va plus loin

 

Dans le cadre de l’examen du projet de budget rectifié pour 2022, les députés votent, contre l’avis du gouvernement, une revalorisation supplémentaire de 500 millions d’euros. L’amendement prévoit une revalorisation prenant en compte le niveau réel de l’inflation, soit +5,5 % pour 2022, alors que le gouvernement avait prévu une revalorisation cumulée à 5,1 % (1,1 % en janvier, puis 4 % en juillet). Revers pour l’exécutif.

Pour ne pas perdre la face, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire assure, qu’au regard de l’inflation galopante, « il y aura très probablement une autre revalorisation des retraites en janvier 2023 ».

3. Le gouvernement a le dernier mot

 

Quelques heures plus tard, dans la nuit de mardi à mercredi, les députés reviennent sur cette revalorisation supplémentaire lors d’une seconde délibération demandée par le gouvernement.

Pour Bruno Le Maire, le coup de pouce supplémentaire de 500 millions est une fausse bonne idée car cette nouvelle revalorisation est « financée en prélevant les sommes sur les pensions de retraite civiles et militaires de l’État » : « Cela ne me paraît pas juste dans son financement et inutile étant donné la revalorisation de 2023. »

Ce nouvel amendement est adopté après de virulents échanges entre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et les députés de la Nupes et du RN, les élus LR l’ayant soutenu.

« Le temps est venu d’admettre les votes de cette Assemblée », s’est emportée l’insoumise Caroline Fiat, tandis que le socialiste Jérôme Guedj traitait le gouvernement de « mauvais perdant ».

Du côté du RN, c’est le soutien annoncé par la députée LR Véronique Louvagie à la nouvelle mouture gouvernementale qui a suscité la réaction la plus virulente : « C’est la mort des Républicains comme parti d’opposition », s’est emporté Sébastien Chenu.

« Il n’y avait pas de raison de garder cet amendement », a expliqué, ce jeudi matin, le ministre de l’Economie, sur France Inter, rappelant que dernier revenait « à un demi-milliard d’euros » et qu’il est « responsable des comptes publics ».

Pour mémoire, il ne s’agit que d’un vote en première lecture. Le jeu de la navette parlementaire peut encore apporter des modifications au projet de loi de finances rectificative.

Source : Ouest France