SERGEI SUPINSKY / AFP
Un drapeau ukrainien flotte entre des bâtiments détruits lors d’un bombardement à Borodianka, dans la région de Kiev, le 17 avril 2022.

GUERRE EN UKRAINE – Alors que l’Ukraine entrera vendredi 24 février dans sa deuxième année de guerre contre la Russie, elle redoute plus que jamais de nouvelles attaques à l’occasion de ce premier et triste anniversaire. De son côté, la Russie cherche à marquer cette date au fer rouge dans l’esprit des Ukrainiens, après 12 mois passés sans avoir atteint ses objectifs initiaux.

Entre la menace d’une attaque sur la capitale ukrainienne et le spectre d’une potentielle prise symbolique sur le front, l’Ukraine continue de tenir bon après un an de conflit armé, comme l’a d’ailleurs souligné ce jeudi 23 février le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous n’avons pas craqué, nous avons surmonté de nombreuses épreuves et nous triompherons. Nous demanderons des comptes à tous ceux qui ont apporté ce mal, cette guerre sur notre terre », a-t-il affirmé.

Un 24 février sous haute tension

Mais Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien, en est convaincu : la Russie prépare « une frappe de missiles », qui coïnciderait avec le déclenchement de l’« opération militaire spéciale » de l’armée de Vladimir Poutine en Ukraine, il y a tout juste un an. « Croyez-moi, nous avons déjà survécu à cela plus de 20 fois », a tout de suite tenu à rassurer Kyrylo Budanov auprès du site ukrainien Ukrayinska Pravda, rappelant que ce ne serait « rien d’extraordinaire », une frappe « mineure » pour son pays après l’année écoulée.

L’Ukraine s’inquiète aussi de mouvements de convois transportant du matériel militaire près de la frontière avec la région de Tchernihiv, frontalière de la Russie dans le nord de l’Ukraine. « Les occupants préparent » très probablement des provocations à grande échelle, a fait savoir le renseignement ukrainien ce jeudi.

Obligation de résultat

Un besoin d’obtenir des résultats significatifs qui se fait de plus en plus pressant pour la Russie en cette date symbolique du 24 février, d’autant que des critiques internes commencent à se faire entendre, à l’image de celles d’Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire russe Wagner.

Il faut dire que l’armée russe connaît de lourdes pertes depuis un an. Face à une série de revers militaires, Vladimir Poutine avait décidé de mobiliser à partir de septembre au moins 300 000 réservistes, si bien que nombre d’observateurs s’attendent à un nouvel assaut d’ampleur dans les semaines à venir.

Le renseignement britannique évoque en particulier la situation à Vouhledar, dans le sud de l’oblast de Donetsk. « Il y a une possibilité réaliste que la Russie se prépare à un nouvel effort offensif dans cette zone malgré des attaques ratées et coûteuses début février et fin 2022 ». De « violents bombardements » sont d’ailleurs évoqués sur cette ville, située à 49 km au sud-ouest de Donetsk.

Le commandant des opérations militaires sur ce front, « le colonel général Rustam Muradov, est probablement soumis à une pression intense pour améliorer les résultats, suite aux critiques sévères de la communauté nationaliste russe », pointe d’ailleurs le ministère britannique de la Défense. Le Royaume-Uni assure toutefois qu’« il est peu probable que Muradov ait une force de frappe capable de réaliser une percée ».

Une situation similaire à celle de Bakhmout, où les responsables ukrainiens affirment que la Russie cherche à toujours à conquérir cette localité stratégique pour le premier anniversaire de la guerre en Ukraine.

Venu déposer des fleurs sur la tombe du soldat inconnu à Moscou ce jeudi, à l’occasion de la Journée du défenseur de la patrie, Vladimir Poutine a réitéré son ambition d’augmenter la production industrielle militaire pour répondre à ses besoins en Ukraine. « Une armée et une marine modernes et efficaces sont une garantie de la sécurité et de la souveraineté du pays, une garantie de son développement stable et de son avenir », a-t-il affirmé dans une courte vidéo. Une manière détournée de répondre aux critiques sur le manque de résultat et de progression de l’armée russe après 365 jours sur le front ukrainien.